mardi 7 février 2017

Pardonner

Aujourd'hui, j'aimerais partager quelques pensées sur un principe qui m'est cher.

Nous avons tous fait des erreurs, nous avons tous blessé des personnes. Ces souvenirs nous ont tous, dans un sens, empoisonné l’existence. Ils nous font penser que nous étions mauvais. Ils nous rendent tristes et nous font sans cesse répéter aux personnes concernées : "Je suis désolé".
Vous souvenez-vous à quel point vous avez cherché à obtenir le pardon de la part des personnes que vous aviez blessé ? Vous souvenez-vous à quel point vous avez désiré être libéré de la culpabilité ? Vous souvenez-vous de la joie que vous avez ressenti lorsqu’on vous a dit: "Ne t’inquiète pas, ce n'est pas grave", ou " je ne t'en veux pas" ?
Vous souvenez-vous à quel point vous avez aimé les personnes qui vous avaient pardonné ?

Qu'est ce que cela signifie de pardonner ?

"Pardonner, c'est choisir de voir les autres tels qu'ils sont dans le présent. Quand nous sommes fâchés contre quelqu'un, nous sommes fâchés contre ce qu'il a pu dire ou faire avant. Mais ce n'est pas ce qu'il est." (Marianne Williamson)


Pourquoi pardonner ?

1/ Pour être heureux.

Ma mére m'a enseigné: " Préfères-tu avoir raison ou être heureux ?"
Lorsque je servais en au Bénin, j'ai lu une pensée affichée sur une porte d'un atelier de couture. Cette pensée disait: " Chercher à se venger de quelqu'un, c'est se mettre à son niveau, lui pardonner, c'est le dépasser."
Choisir de pardonner, c'est ne pas laisser la rancœur et l'amertume prendre place dans notre vie. C'est abandonner les problèmes et les soucis qui nous empêchent d'avancer.
La vie est en grande partie compliquée parce que nous la compliquons. Mais, en pardonnant aux autres, nous pouvons grandement la simplifier.
Etre capable de dire dans notre cœur "Que Dieu juge entre toi et moi, et te récompense selon tes actes",( D&A 64:11), nous enlèvera pas mal de frais d'avocat !

2/ Pour rendre l'autre meilleur

En pensant à la citation découverte sur la porte au Bénin, je pourrais rajouter que pardonner quelqu'un, c'est aussi l'occasion de l'aider à devenir meilleur.
"Montrer quelqu'un du doigt ne l'aide pas à changer. Au contraire, cela ne le fait que perdurer dans sa faute. La compassion et le pardon ont beaucoup plus de chance de l'aider à changer" (Marianne Williamson).

3/ Pour changer notre relation en amour.

Récemment, un de nos dirigeants parlait de la parabole du créancier et des débiteurs qui se trouve dans Luc 7. A cette occasion, j'ai compris quelque chose qui m'avait toujours semblé simple.
La dernière phrase du verset 47: "Mais celui à qui on pardonne peu aime peu". J'ai été touché par cette vérité simple.
"Celui à qui on pardonne peu aime peu".
 Combien de fois nous nous sommes dit: il/elle a été méchante avec moi; il/elle ne mérite pas que je lui pardonne.
Certes, la personne a été méchante avec nous, mais ne pas lui pardonner, ne la fera pas devenir plus gentille. Par contre, lui dire que nous l'aimons et que nous ne lui en voulons pas peut certainement l’aider davantage à changer ses sentiments envers nous.

4/ Parce que nous voulons être pardonné

"Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde!" (Matthieu 5:7)


"Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi; mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père ne vous pardonnera pas non plus vos offenses." ( Matthieu 6:14-15)


Comment faire pour pardonner ?

Je pense que les meilleurs conseils pratiques ont été donnés par Jésus.

"Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre.
Et si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau.
Et si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui." ( 3 Néphi 12:39-41)

Ces 3 phrases représentent les 3 domaines qui nous blessent:
- l'humiliation : frapper sur la joue droite avec la main droite (car nous sommes une majorité de droitiers) revient à taper avec le revers de la main; signe de mépris. Dans notre vie, cela ressemble aux insultes, aux moqueries… .
- l'injustice : On nous demande réparation pour des faits que nous n’avons pas commis ou nous ne sommes pas reconnus dans les tâches que nous effectuons.
- l'abus de pouvoir : notre patron nous demande de faire quelque chose dont nous n'avons pas envie, notre conjoint nous demande encore de faire la vaisselle et cela nous énerve...

Alors même que cela peut sembler contradictoire, dans chacune des situations précitées, l'action que Jésus nous préconise nous permet en réalité de devenir maître de la situation et de ne plus la subir. Cela permet de rendre de l'amour pour le mal qui nous a été fait, ce qui aura pour effet d'adoucir notre cœur et celui de l'autre.

Voici deux exemples qui mettent en application ces principes. Pendant que vous lisez, essayez d’imaginer les sentiments des personnes lésées.

"Nous avons à cet égard l'exemple stimulant de George Albert Smith. On lui fit dire que quelqu'un avait volé la bâche de son buggy. Au lieu de se fâcher, il répondit : « Dommage que nous ne savions pas qui c'était, car nous aurions pu aussi lui donner la couverture, car il devait avoir froid, et aussi de la nourriture, car il devait avoir faim. »

Ceci me rappelle l'histoire classique de Jean Valjean dans l’œuvre immortelle de Victor Hugo « Les Misérables ». Henry D. Moyle a résumé ce passage pour nous dans son discours rapporté dans l'lmprovement Era de novembre 1957 :

« La description que Victor Hugo nous fait de Jean Valjean après dix-neuf ans de peine aux galères est inoubliable. Son premier délit avait été de voler un pain pour nourrir la famille affamée de sa mère. À ce moment-là, il n'était qu'un petit garçon. Quand il fut libéré de prison, lorsque tous les autres l'eurent rejeté comme ancien bagnard méprisé, il trouva finalement un ami en l'évêque M. Beauvian. Cet évêque traira Jean Valjean avec beaucoup de bonté et de générosité. Il lui fit confiance et lui donna nourriture et logement. Jean Valjean, incapable de surmonter les impulsions mauvaises entretenues pendant ces années de prison, récompensa l'évêque en lui volant son argenterie qui se composait de beaucoup de reliques de famille sans prix. Il fût peu après appréhendé par les gendarmes et ramené avec, dans son sac, le trésor de l'évêque. L'évêque pardonna à Jean Valjean et, au lieu de l'accuser de ce lâche acte d'ingratitude, lui dit à l'instant : « Vous avez oublié les chandeliers », et, les donnant à Jean Valjean, lui dit qu'ils étaient aussi en argent. Lorsque les policiers furent partis, l'évêque dit à l'ancien bagnard : « Jean Valjean, mon frère, tu n'appartiens plus au mal mais au bien... je la tirerai (son âme) des pensées ténébreuses et de l'esprit de perdition... »

Cet acte de pardon de la part d'un homme dont les biens avaient été volés éveilla les vertus latentes de Jean. Elles étaient restées dix-neuf ans en veilleuse. Même son long séjour aux galères ne pouvait détruire le désir inhérent chez cet homme, de faire du bien. L'un de ses tout premiers actes après le saint geste de l'évêque fut de se faire l'ami d'une petite fille aux cheveux blonds appelée Cosette qui se trouvait dans une grande détresse. La description finale de Jean Valjean par l'auteur montre la profonde transformation qui s'était effectuée dans la personnalité de ce malheureux. Cosette termina la réforme de la vie de cet homme qu’avait commencée l'évêque. Victor Hugo écrit : « L'évêque avait fait paraître l'aube de la vertu sur son horizon, Cosette évoquait l'aube de l'amour. »

Après une vie remplie de charité, de pardon et d'autres bonnes actions, Jean Valjean sacrifia sa vie même pour le bonheur et le bien-être de Cosette et de son mari. Dans la dernière lettre qu'il lui écrivit, il dit :

« J'écris maintenant à Cosette. Elle trouvera ma lettre. Je lui lègue les deux chandeliers qui sont sur le manteau de la cheminée. Ils sont en argent, mais pour moi, ils sont comme de l'or. Ce sont des diamants... Je ne sais pas si celui qui me les a donné est content de moi... J'ai fait ce que je pouvais. » " ( Le miracle du pardon, Spencer W Kimball )

C’est maintenant à nous de jouer.

Délaissons la colère, cherchons la paix plutôt que la victoire à tout prix. Choisissons de pardonner et d'aimer dans un monde qui en a de plus en plus besoin.

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